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ment. Il est tout naturel qu’une organisation qui a pour effet de concentrer dans un groupe restreint tout ce qui existe alors de vie spéculative stimule et développe cette dernière. Par suite, l’éducation ne se borne plus, comme dans le principe, à inculquer à l’enfant des pratiques, à le dresser à certaines manières d’agir. Il y a dès lors de la matière pour une certaine instruction. Le prêtre enseigne les éléments de ces sciences qui sont en train de se former. Seulement, cette instruction, ces connaissances spéculatives ne sont pas enseignées pour elles-mêmes, mais en raison des rapports qu’elles soutiennent avec les croyances religieuses ; elles ont un caractère sacré, elles sont toutes pleines d’éléments proprement religieux, parce qu’elles se sont formées au sein même de la religion et en sont inséparables. — Dans d’autres pays, comme dans les cités grecques et latines, l’éducation reste partagée suivant une proportion, variable avec les cités, entre l’État et la famille. Point de caste sacerdotale. C’est l’État qui est proposé à la vie religieuse. Par suite, comme il n’a pas de besoins spéculatifs, comme il est avant tout orienté vers l’action et la pratique, c’est en dehors de lui, par conséquent aussi en dehors de la religion, que la science prend naissance quand le besoin s’en fait sentir. Les philosophes, les savants de la Grèce, sont des particuliers et des laïcs. La science même y a très vite une tendance anti-religieuse. Il en résulte, au point de vue qui nous intéresse, que l’instruction, elle aussi, dès qu’elle