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cevable, que l’acte doit être accompli, que la chose doit être vue telle qu’il la montre, qu’il ne peut en être autrement. S’il faiblit, on voit le sujet hésiter, résister, parfois même se refuser à obéir. Si seulement il entre en discussion, c’en est fait de son pouvoir. Plus la suggestion va contre le tempérament naturel de l’hypnotisé, plus le ton impératif sera indispensable.

Or ces deux conditions se trouvent réalisées dans les rapports que soutient l’éducateur avec l’enfant soumis à son action : 1o L’enfant est naturellement dans un état de passivité tout à fait comparable à celui où l’hypnotisé se trouve artificiellement placé. Sa conscience ne contient encore qu’un petit nombre de représentations capables de lutter contre celles qui lui sont suggérées ; sa volonté est encore rudimentaire. Aussi est-il très facilement suggestionnable. Pour la même raison, il est très accessible à la contagion de l’exemple, très enclin à l’imitation ; 2o L’ascendant que le maître a naturellement sur son élève, par suite de la supériorité de son expérience et de sa culture, donnera naturellement à son action la puissance efficace qui lui est nécessaire.

Ce rapprochement montre combien il s’en faut que l’éducateur soit désarmé ; car on sait toute la puissance de la suggestion hypnotique. Si donc l’action éducative a, même à un moindre degré, une efficacité analogue, il est permis d’en attendre beaucoup pourvu qu’on sache s’en servir. Bien