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l’histoire. Nous verrons, par exemple, comment la place prise et gardée dans nos classes par l’exégèse des textes, soit anciens, soit modernes, tient à un des traits essentiels de notre mentalité et de notre civilisation ; et c’est en étudiant l’enseignement médiéval que nous serons amenés à faire cette constatation.


5. Mais il ne suffit pas de connaître et de comprendre notre machine scolaire, telle qu’elle est présentement organisée. Puisqu’elle est appelée à évoluer sans cesse, il faut pouvoir apprécier les tendances au changement qui la travaillent ; il faut pouvoir décider, en connaissance de cause, ce qu’elle doit être dans l’avenir. Pour résoudre cette seconde partie du problème, la méthode historique et comparative est-elle également indispensable ?

Elle peut, au premier abord, paraître superflue. Toute réforme pédagogique n’a-t-elle pas finalement pour objet de faire en sorte que les élèves soient davantage des hommes de leur temps ? Or, pour savoir ce que doit être un homme de notre temps, que peut nous apprendre, dit-on, l’étude du passé ? Ce n’est ni au Moyen Âge, ni à la Renaissance, ni au XVIIe ni au XVIIIe siècle que nous emprunterons le modèle humain que l’enseignement d’aujourd’hui doit avoir pour but de réaliser. Ce sont les hommes d’aujourd’hui qu’il faut considérer ; c’est de nous-mêmes qu’il faut prendre conscience ; et, en nous,