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regarder les choses dans le présent, on les considère dans l’histoire, l’illusion se dissipe. Cette hiérarchie scolaire à trois degrés n’a pas existé de tout temps, même chez nous ; elle date d’hier ; jusqu’à des temps tout récents, l’enseignement secondaire était indistinct de l’enseignement supérieur ; aujourd’hui, la solution de continuité qui le séparait de l’enseignement primaire tend à s’effacer. Les collèges, avec leur système de classes, ne remontent pas au-delà du XVIe siècle et nous verrons qu’à l’époque révolutionnaire il y eut un moment où ce système disparut. Tant s’en faut qu’elles correspondent à une sorte de nécessité éternelle ! C’est donc que ces institutions tiennent, non à des besoins universels de l’homme parvenu à un certain degré de civilisation, mais à des causes définies, à des états sociaux très particuliers que, seule, l’analyse historique peut nous déceler. Or, c’est seulement dans la mesure où nous serons parvenus à les déterminer, que nous saurons vraiment ce qu’est cet enseignement. Car savoir ce qu’il est, ce n’est pas simplement en connaître la forme extérieure et superficielle ; c’est savoir quelle en est la signification, quelle place il tient, quel rôle il joue dans l’ensemble de la vie nationale.

Gardons-nous donc de croire qu’il suffit d’un peu de sens et de culture pour résoudre au pied levé des questions comme celle-ci : Qu’est-ce que l’enseignement secondaire, qu’est-ce qu’un collège, qu’est-ce qu’une classe ? Nous pouvons bien, par une analyse mentale, dégager assez facilement la notion que