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dresser les futurs maîtres à la pratique de leur métier ; il faut, avant tout, provoquer de leur part un énergique effort de réflexion, qu’ils devront poursuivre dans toute la suite de leur carrière, mais qui doit commencer ici, à l’Université ; car, ici seulement, ils trouveront les éléments d’information sans lesquels leurs réflexions sur la matière ne seraient que des constructions idéologiques et des rêveries sans efficacité.

Et c’est à cette condition qu’il sera possible de réveiller, sans aucun procédé artificiel, la vie un peu languissante de notre enseignement secondaire. Car, il est impossible de se le dissimuler, par suite du désarroi intellectuel où il se trouve, incertain entre un passé qui meurt et un avenir encore indéterminé, l’enseignement secondaire ne manifeste plus la même vitalité ni la même ardeur à vivre qu’autrefois. La remarque en peut être faite librement, car elle n’implique aucune critique qui s’adresse aux personnes ; le fait qu’elle constate est le produit de causes impersonnelles. D’une part, l’ancien enthousiasme pour les lettres classiques, la foi qu’elles inspiraient sont irrémédiablement ébranlés. Certes, il ne saurait être question d’oublier le glorieux passé de l’humanisme, les services qu’il a rendus et continue même à rendre ; cependant, il est difficile de se soustraire à l’impression qu’il se survit en partie à lui-même. Mais, d’un autre côté, aucune foi nouvelle n’est encore venue remplacer celle qui disparaît. Il en résulte que le maître se