Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Renaissance, les Jésuites et les régents de nos collèges universitaires se donnèrent comme but de faire des humanistes. Aujourd’hui, toute expression manque pour caractériser l’objectif que doit poursuivre l’enseignement de nos lycées ; c’est que cet objectif, nous ne voyons que bien confusément quel il doit être.

Et qu’on ne croie pas résoudre la difficulté, en disant que notre devoir est tout simplement de faire de nos élèves des hommes ! La solution est toute verbale ; car il s’agit précisément de savoir quelle idée nous devons nous faire de l’homme, nous, Européens, ou, plus spécialement encore, nous, Français du XXe siècle. Chaque peuple a, à chaque moment de son histoire, sa conception propre de l’homme ; le Moyen Âge a eu la sienne, la Renaissance a eu la sienne, et la question est de savoir quelle doit être la nôtre. Cette question, d’ailleurs, n’est pas spéciale à notre pays. Il n’est pas de grand État européen où elle ne se pose et dans des termes presque identiques. Partout, pédagogues et hommes d’État ont conscience que les changements survenus dans l’organisation matérielle et morale des sociétés contemporaines nécessitent des transformations parallèles et non moins profondes dans cette partie spéciale de notre organisme scolaire. — Pourquoi est-ce surtout dans l’enseignement secondaire que la crise sévit avec cette intensité ? C’est une question que nous aurons à examiner un jour ; pour l’instant, je me