Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.

moyen d’un enseignement, dont je déterminerai tout à l’heure le plan et la méthode.


3. Mais il y a plus. L’enseignement secondaire se trouve aujourd’hui dans des conditions très spéciales qui rendent cette culture exceptionnellement urgente. Depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle, il traverse une crise très grave qui n’est pas encore parvenue à son dénouement. Tout le monde se rend compte qu’il ne peut pas rester ce qu’il a été dans le passé : mais on ne voit pas avec la même clarté ce qu’il est appelé à devenir. De là ces réformes qui, depuis près d’un siècle, se succèdent périodiquement, attestant, à la fois, la difficulté et l’urgence du problème. Certes, on ne pourrait, sans injustice, méconnaître l’importance des résultats obtenus : l’ancien système s’est ouvert à des idées nouvelles ; un système nouveau est en train de se constituer qui paraît plein de jeunesse et d’ardeur. Mais est-il excessif de dire qu’il se cherche encore, qu’il n’a de lui-même qu’une conscience encore incertaine, et que le premier s’est tempéré par d’heureuses concessions beaucoup plus qu’il ne s’est renouvelé ? Un fait rend particulièrement sensible le désarroi où sont, sur ce point, nos idées. À toutes les périodes antérieures de notre histoire, on pouvait définir d’un mot l’idéal que les éducateurs se proposaient de réaliser chez les enfants. Au Moyen Âge, le maître de la Faculté des Arts voulait avant tout faire de ses élèves des dialecticiens. Après la