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mais, sous certains rapports, elle leur est plus indispensable qu’à d’autres.

En premier lieu, l’enseignement secondaire est un organisme autrement complexe que ne l’est l’enseignement primaire. Or, plus un être est complexe et vit une vie complexe, plus il a besoin de réflexion pour pouvoir se conduire. Dans une école élémentaire, chaque classe, au moins en principe, est entre les mains d’un seul et unique maître ; par suite, l’enseignement qu’il donne se trouve avoir une unité toute naturelle et très simple ; c’est l’unité même de la personne qui enseigne. Comme elle a sous les yeux la totalité de l’enseignement, il lui est relativement facile de faire à chaque discipline sa part, de les ajuster les unes aux autres et de les faire toutes concourir à une même fin. Mais il en est tout autrement au lycée, où les divers enseignements, reçus simultanément par un même élève, sont généralement donnés par des maîtres différents. Ici, il existe une véritable division du travail pédagogique et qui croît tous les jours davantage, modifiant la vieille physionomie de nos lycées et soulevant une grave question dont nous aurons à nous occuper un jour. Par quel miracle l’unité pourrait-elle résulter de cette diversité ? Comment ces enseignements pourraient-ils s’accorder les uns avec les autres, se compléter de manière à former un tout, si ceux qui les donnent n’ont pas le sentiment de ce tout et de la manière dont chacun y doit concourir. Bien que nous ne soyons pas ac-