Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

simples routiniers qui ne pensent ni n’agissent autrement que le vulgaire ignorant. La raison en est que les préjugés qui entravent l’essor de la réflexion diffèrent selon l’ordre de choses auquel ils se rapportent ; il peut donc se faire que les uns aient cédé, alors que les autres gardent toute leur force de résistance, qu’un même esprit se soit libéré sur un point, alors que sur l’autre il reste en servitude. J’ai connu un très grand historien, dont je garde fidèlement et respectueusement le souvenir, et qui, en matière d’enseignement, en était resté, ou peu s’en faut, à l’idéal de Rollin. D’ailleurs, chaque catégorie de faits demande à être réfléchie à sa façon, d’après les méthodes qui lui sont propres ; et ces méthodes ne s’improvisent pas, mais doivent s’apprendre. Il ne suffit donc pas d’avoir réfléchi aux finesses des langues mortes, ou aux lois des mathématiques, ou aux événements de l’histoire soit ancienne, soit moderne, pour être ipso facto en état de réfléchir méthodiquement aux choses de l’enseignement. Mais cette forme déterminée de réflexion constitue une spécialité qui réclame une initiation préalable ; la suite de ce cours en sera la preuve.


2. Non seulement rien ne justifie le privilège que l’on entend conférer ainsi aux maîtres de l’enseignement secondaire ; non seulement on ne voit pas pourquoi il serait inutile d’éveiller chez eux la réflexion pédagogique par une culture appropriée,