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nécessaires pour qu’elles puissent varier, évoluer, s’adapter à la diversité et à la mobilité des circonstances et des milieux. Inversement, moindre est la part de la réflexion, plus grande est celle de l’immobilisme. Or il se trouve que l’enseignement secondaire se fait remarquer, non par un appétit immodéré de nouveautés, mais par un véritable misonéisme. Nous verrons, en effet, comment en France, alors que tout a changé, alors que le régime politique, économique, moral, s’est transformé, il y a eu cependant quelque chose qui est resté relativement immuable : ce sont les conceptions pédagogiques qui sont à la base de ce qu’on est convenu d’appeler l’enseignement classique. Sauf quelques additions qui ne touchaient pas au fond des choses, les hommes de ma génération ont encore été élevés d’après un idéal qui ne différait pas sensiblement de celui dont s’inspiraient les collèges de Jésuites au temps du grand Roi. Il n’y a vraiment rien là qui permette de penser que l’esprit de critique et d’examen ait joué dans notre vie scolaire un rôle bien considérable.

C’est qu’en effet il n’est pas vrai qu’on soit apte à réfléchir sur un ordre déterminé de faits, par cela seul qu’on a l’occasion d’exercer sa réflexion dans un cercle de choses différentes. Nombreux sont les grands savants, qui ont illustré leur science, et qui pourtant, pour tout ce qui est en dehors de leur spécialité, sont comme des enfants. Ces hardis novateurs se comportent, par ailleurs, comme de