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prescrivent à l’homme fait sa conduite. Les peines et les récompenses qui sont attachées aux premières ne sont pas sans ressembler aux peines et aux récompenses qui sanctionnent les secondes. Nous enseignons aux enfants la science faite ? Mais la science qui se fait s’enseigne elle aussi. Elle ne reste pas renfermée dans le cerveau de ceux qui la conçoivent, mais elle ne devient vraiment agissante qu’à condition de se communiquer aux autres hommes. Or cette communication, qui met en œuvre tout un réseau de mécanismes sociaux, constitue un enseignement qui, pour s’adresser à l’adulte, ne diffère pas en nature de celui que l’élève reçoit de son maître. Ne dit-on pas d’ailleurs que les savants sont des maîtres pour leurs contemporains et ne donne-t-on pas le nom d’écoles aux groupes qui se forment autour d’eux[1] ? On pourrait multiplier les exemples. C’est qu’en effet, comme la vie scolaire n’est que le germe de la vie sociale, comme celle-ci n’est que la suite et l’épanouissement de celle-là, il est impossible que les principaux procédés par lesquels l’une fonctionne ne se retrouvent pas dans l’autre. On peut donc s’attendre à ce que la sociologie, science des institutions sociales, nous aide à comprendre ce que sont ou à conjecturer ce que doivent être les institutions pédagogiques. Mieux nous connaîtrons la société, mieux nous pourrons nous rendre compte de tout ce qui se passe dans ce microcosme social qu’est

  1. V. Willmann, op. cit., I, p. 40.