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tout des nécessités sociales, il ne peut cependant se réaliser que dans et par des individus. Pour qu’il soit autre chose qu’une simple conception de l’esprit, une vaine injonction de la société à ses membres, il faut trouver le moyen d’y conformer la conscience de l’enfant. Or la conscience a ses lois propres qu’il faut connaître pour pouvoir la modifier si du moins on veut s’épargner les tâtonnements empiriques que la pédagogie a précisément pour objet de réduire au minimum. Pour pouvoir exciter l’activité à se développer dans une direction déterminée, encore faut-il savoir quels sont les ressorts qui la meuvent et quelle est leur nature ; car c’est à cette condition qu’il sera possible d’y appliquer, en connaissance de cause, l’action qui convient. S’agit-il, par exemple, d’éveiller ou l’amour de la patrie, ou le sens de l’humanité ? Nous saurons d’autant mieux tourner la sensibilité morale de nos élèves dans l’un ou l’autre sens que nous aurons des notions plus complètes et plus précises sur l’ensemble de phénomènes que l’on appelle tendances, habitudes, désirs, émotions, etc., sur les conditions diverses dont ils dépendent, sur la forme qu’ils présentent chez l’enfant. Suivant que l’on voit dans les tendances un produit des expériences agréables ou désagréables qu’a pu faire l’espèce, ou bien, au contraire, un fait primitif, antérieur aux états affectifs qui en accompagnent le fonctionnement, on devra s’y prendre de manières très différentes pour en régler le développement. Or