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peut dire qu’elles ne se suffisent pas à elles-mêmes ; partout où on les rencontre, elles ne divergent les unes des autres qu’à partir d’un certain point en deçà duquel elles se confondent. Elles reposent toutes sur une base commune. Il n’y a pas de peuple, en effet, où il n’existe un certain nombre d’idées, de sentiments et de pratiques que l’éducation doit inculquer à tous les enfants indistinctement, à quelque catégorie sociale qu’ils appartiennent. C’est même cette éducation commune qui passe généralement pour être la véritable éducation. Elle seule semble pleinement mériter d’être appelée de ce nom. On lui accorde sur toutes les autres une sorte de prééminence. C’est donc d’elle surtout qu’il importe de savoir si, comme on le prétend, elle est impliquée tout entière dans la notion de l’homme et si elle en peut être déduite.

À vrai dire, la question ne se pose même pas pour tout ce qui concerne les systèmes d’éducation que nous fait connaître l’histoire. Ils sont si évidemment liés à des systèmes sociaux déterminés qu’ils en sont inséparables. Si, en dépit des différences qui séparaient le patriciat de la plèbe, il y avait pourtant à Rome une éducation commune à tous les Romains, cette éducation avait pour caractéristique d’être essentiellement romaine. Elle impliquait toute l’organisation de la cité en même temps qu’elle en était la base. Et ce que nous disons de Rome pourrait se répéter de toutes les sociétés historiques. Chaque type de peuple a son éducation