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la psychologie. Il semble donc qu’elle doive suffire à tous les besoins du pédagogue.

Malheureusement, cette conception de l’éducation se trouve en contradiction formelle avec tout ce que nous apprend l’histoire : il n’est pas un peuple, en effet, où elle ait jamais été mise en pratique. Tout d’abord, bien loin qu’il y ait une éducation universellement valable pour tout le genre humain, il n’y a, pour ainsi dire, pas de société où des systèmes pédagogiques différents ne coexistent et ne fonctionnent parallèlement. La société est-elle formée de castes ? L’éducation varie d’une caste à l’autre ; celle des patriciens n’était pas celle des plébéiens, celle du Brahmane n’était pas celle du Çudra. De même, au moyen âge, quel écart entre la culture que recevait le jeune page, instruit dans tous les arts de la chevalerie, et celle du vilain qui s’en allait apprendre à l’école de sa paroisse quelques maigres éléments de comput, de chant et de grammaire ! Aujourd’hui encore ne voyons-nous pas l’éducation varier avec les classes sociales ou bien même avec les habitats ? Celle de la ville n’est pas celle de la campagne, celle du bourgeois n’est pas celle de l’ouvrier. On dira que cette organisation n’est pas moralement justifiable, qu’on ne peut y voir qu’une survivance destinée à disparaître ? La thèse est aisée à défendre. Il est évident que l’éducation de nos enfants ne devrait pas dépendre du hasard qui les fait naître ici plutôt que là, de tels parents et non de tels autres. Mais alors même que la con-