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lacunes qui viennent à s’y produire, à remédier aux insuffisances qui y sont constatées. Le pédagogue n’a donc pas à construire de toutes pièces un système d’enseignement, comme s’il n’en existait pas avant lui ; mais il faut, au contraire, qu’il s’applique, avant tout, à connaître et à comprendre le système de son temps ; c’est à cette condition qu’il sera en mesure de s’en servir avec discernement et de juger ce qu’il peut s’y trouver de défectueux.

Mais, pour pouvoir le comprendre, il ne suffit pas de le considérer tel qu’il est aujourd’hui, car ce système d’éducation est un produit de l’histoire que l’histoire seule peut expliquer. C’est une véritable institution sociale. Même il n’en est guère où toute l’histoire du pays vienne aussi intégralement retentir. Les écoles françaises traduisent, expriment l’esprit français. On ne peut donc rien entendre à ce qu’elles sont, au but qu’elles poursuivent, si l’on ne sait pas ce qui constitue notre esprit national, quels en sont les divers éléments, quels sont ceux qui dépendent de causes permanentes et profondes, ceux, au contraire, qui sont dus à l’action de facteurs plus ou moins accidentels et passagers : toutes questions que, seule, l’analyse historique peut résoudre. On discute souvent pour savoir quelle place doit revenir à l’école primaire dans l’ensemble de notre organisation scolaire et dans la vie générale de la société. Mais le problème est insoluble si l’on ignore comment s’est formée notre organisation scolaire, d’où viennent ses caractères distinc-