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une époque de conformisme où tout le monde pensait et sentait de la même manière, où tous les esprits étaient comme coulés dans le même moule, où les dissidences individuelles étaient rares, et d’ailleurs proscrites. Aussi l’éducation était-elle impersonnelle ; le maître, dans les écoles médiévales, s’adressait collectivement à tous ses élèves sans qu’il eût l’idée d’approprier son action à la nature de chacun. En même temps, l’immutabilité des croyances fondamentales s’opposait à ce que le système éducatif évoluât très rapidement. Pour ces deux raisons, il avait donc moins besoin d’être guidé par la pensée pédagogique. Mais, à la Renaissance, tout change : les personnalités individuelles se dégagent de la masse sociale où elles étaient, jusque-là, absorbées et confondues ; les esprits se diversifient ; en même temps le développement historique s’accélère ; une nouvelle civilisation se constitue. Pour répondre à tous ces changements, la réflexion pédagogique s’éveille, et, bien qu’elle n’ait pas toujours brillé d’un même éclat, cependant, elle ne devait plus s’éteindre complètement.

IV. Mais, pour que la réflexion pédagogique puisse produire les effets utiles qu’on est en droit d’attendre d’elle, il faut qu’elle soit soumise à une culture appropriée.

1o Nous avons vu que la pédagogie n’est pas l’éducation et ne saurait en tenir lieu. Son rôle n’est pas de se substituer à la pratique, mais de la guider, de l’éclairer, de l’aider, au besoin, à combler les