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par-dessus les roues ; il faut donc rester en dedans, ramassé sur soi, dans des positions intolérables. Que si vous voulez vous étendre, vous devez passer les jambes dans le filet, où vous avez à leur faire une place en lutte avec le bouvier. Vous pourrez alors essayer de dormir, la tête en bas, le plateau, sur ses petites roues, étant rejeté en arrière par le timon, appuyé haut sur le cou des bœufs.

Nos personnes et les bagages répartis entre cinq charrettes, nous sortons d’Ajmir d’un pas solennellement lent. Nous voilà à recommencer un de ces voyages qui ressemblent à un voyage au long cours. Nous en avons pour douze, quinze ou vingt jours, selon la hâte que les chances de la route et la qualité de notre bétail nous permettront de faire. Nous traversons en premier le territoire attaché à Ajmir, et, comme la ville, sous la domination anglaise. Tant que nous sommes lâ, les signes de civilisation ne manquent point ; nous avons surtout une bonne route. Mais ayant franchi les monts Araoualli, nous entrons chez le rajah de Jodpour, et chez lui les traces de la barbarie se font tout de suite sentir.

La route n’est plus qu’une sorte de sillon qui serpente à travers les buissons ; on y est à fond dans la