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À Pollanaroua, nous nous établissons, pour passer la nuit, sur la levée du grand étang qui baignait anciennement les murs de la ville. L’étang, par les atterrissements, est aujourd’hui resserré dans des limites bien moindres que celles qu’il avait autrefois. Dans cette saison, une partie de l’espace, recouvert par les eaux dans la saison des pluies, est même plus ou moins à sec. De loin, cette sorte de marécage nous avait paru convertie en une immense plantation de choux. Arrivés sur la chaussée, ce que nous avions pris d’abord pour des choux se trouve avantageusement transformé en une prairie de lotus, la belle plante aux larges feuilles et aux fleurs d’un rose léger. La partie de l’étang où les eaux sont encore profondes, restée vide de lotus, est fréquentée par des oiseaux pêcheurs et habitée par d’énormes crocodiles, que nous voyons nager languissamment, tantôt la tête seule hors de l’eau, tantôt la tête, les reins et la queue, ce qui leur donne l’air de grandes pièces articulées se montrant sur l’eau par parties détachées. Nous leur envoyons quelques balles, dont ils ne paraissent nullement s’inquiéter, et comme la hauteur de notre chaussée met nos bêtes, pour la nuit, complétement hors de