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et à éclairer les plateaux, cette terre, d’un aspect âpre et encore fermée, prend une coloration d’un léger jaune doré : c’est le steppe dans toute sa grandeur et sa monotonie. Les plateaux que nous parcourons sont situés à plusieurs milliers de pieds au-dessus du niveau de la mer. De là vient la rudesse de leur climat. Voici la fin d’avril, mais rien encore n’annonce le printemps. Le malin, quand nous nous mêlions en selle, il fait un froid des plus vifs, et presque tous les jours le vent du nord se lève sec et violent.

Nos étapes sont marquées chaque soir par de misérables villages, et des huttes de boue qui prennent le titre d’auberge et nous servent d’abri. Autrement, les habitants vivent sous la tente. De loin, ces tentes apparaissent, disséminées par petits groupes de quatre à cinq. Elles ont la forme arrondie d’une meule de foin ou d’une ruche d’abeilles. Elles sont faites d’un feutre gris très-épais. Pour résister aux vents qui balayent le pays, elles sont solidement fixées à un treillis de bois et de cordages entremêlés, ce qui leur constitue une sorte de légère charpente ou de squelette. La porte regarde le soleil et tourne le dos au grand ennemi, le vent du nord.