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Les livres sur le temps où a vécu Galois ne manquent pas, mais ne fournissent en général sur lui, sauf les Mémoires du préfet de police Gisquet et les Lettres sur les prisons de Paris de Raspail, que des indications très brèves, impropres à ajouter à sa biographie. À vrai dire, il n’existe rien encore qui nous permette de nous rendre un compte précis de l’histoire du parti républicain dans cette période héroïque de son existence ; et j’espère que, lorsque les papiers, mémoires ou correspondances des principaux chefs du parti seront livrés au public, on y rencontrera sur Galois, et en particulier sur les circonstances dans lesquelles il a trouvé la mort, des renseignements nouveaux, propres à en éclaircir le mystère. Il m’a été impossible de le faire.

Je me suis enfin adressé à la famille de Galois, qu’une heureuse chance m’a fait retrouver très rapidement. L’unique survivant parmi les normaliens qui ont connu Galois à l’École, M. Bénard, a précisément épousé une cousine germaine de son camarade ; par elle et par les autres parents survivants dont elle m’a fait faire la connaissance, j’ai pu recueillir tantôt des souvenirs directs, tantôt des traditions conservées dans la famille depuis soixante-quatre ans que Galois a disparu. De ce côté mon acquisition principale a été celle du portrait de Galois fait d’après nature, lorsqu’il avait quinze ou seize ans. Je le dois à l’extrême obligeance de sa nièce, Mme  Guinard, fille de la sœur aînée de Galois, Mme  Chantelot. Qu’il me soit permis de lui adresser ici tous mes remercîments, pour le zèle avec lequel elle m’a secondé. Je n’en dois pas moins à M. et à Mme  Bénard, au colonel Guinard, qui m’a communiqué un des autographes que je publie, à M. Gabriel Demante, ancien professeur à la Faculté de droit de Paris, et à son frère, M. l’abbé Demante, auxquels je suis redevable d’un grand nombre de détails curieux et précis sur l’enfance de Galois.

Il va sans le dire que je me suis efforcé de contrôler les uns par les autres tous les documents que j’ai eus entre les mains. Je me suis efforcé de le faire sans parti pris, bien qu’avec une sympathie sans cesse croissante pour le génial et infortuné jeune homme qui paya de tant de souffrances l’incroyable puissance de ses facultés ; j’ai tenu surtout à l’expliquer, ou du moins à expliquer ce qu’il y avait d’explicable dans son caractère et dans ses aventures. Je l’ai toujours vu au milieu des choses, des gens, des événements, des institutions de son époque ;