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ne croit plus à la morale qu’on avait appuyée sur cette crainte ; et il cesse d’y croire quand, dans chaque action la plus innocente et la plus naturelle, on lui présente un crime. Comme il doit être damné éternellement pour avoir violé les préceptes ridicules des prêtres, il lui importe peu d’observer les autres devoirs que lui impose le législateur, puisque déjà l’arrêt de mort est prononcé contre lui, et que l’enfer l’attend comme une proie qui ne peut lui échapper.

Je sais qu’on va me répondre que cet arrêt n’est pas irrévocable, et que la religion a placé l’espérance dans le repentir, dans la confession du crime et dans la clémence divine, qui, docile à la voix du prêtre, absout le coupable et l’affranchit du remords. J’avoue que c’est là un remède inventé par les mystagogues anciens contre le désespoir ; mais je soutiens que le remède est pire que le mal, et que le peu de bien que l’initiation pouvait produire a été détruit par ces nouveaux spécifiques, accrédités par le charlatanisme religieux.

Ces cérémonies expiatoires, destinées à faire oublier aux dieux les crimes des hommes, firent que les coupables eux-mêmes les oublièrent bientôt, et le remède, placé si près du mal, dispensa du soin de l’éviter. On salissait volontiers la robe d’innocence quand on avait près de soi l’eau lustrale qui devait la purifier, et quand l’âme, sortant des bains sacrés, reparaissait dans toute sa pureté primitive. Le baptême et la pénitence, qui est un second baptême chez les Chrétiens, produisent cet effet merveilleux.