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leurs sujets, et les prêtres, à suivre dans leur conduite d’autres règles que celles qu’ils prescrivaient au peuple. Si la religion est une vérité et un devoir, elle ne doit pas être mise au nombre des instruments purement politiques ; c’est un devoir sacré, imposé à tous les hommes. Il en faut à tous, et non pas simplement au peuple. Si elle n’est qu’une institution politique, comme on le suppose ici, modifiée à raison des besoins des sociétés, elle ne doit pas être présentée sous d’autres rapports au peuple. Elle doit être, comme toutes les lois, l’ouvrage de sa raison ou de celle de ses représentants quand il en a. Mais alors l’illusion s’évanouit ; ce n’est plus de la religion ; car toute religion nous lie à un ordre de choses supérieur à l’homme. Ce sont tout simplement des lois ou de la morale qui ne doivent pas être environnées du merveilleux pour être reçues. Elles doivent tirer toute leur force de leur sagesse et de leur utilité, de l’énergie du pouvoir qui en commande l’exécution, et de la bonne éducation qui y prépare les citoyens.

Avant qu’il y eût des livres et des prêtres, la Nature avait donné à l’homme le germe des vertus qui le rendent sociable ; avant qu’on eût imaginé un enfer, il y avait des hommes de bien ; il y en aura encore quand on n’y croira plus. C’est de la faiblesse de l’homme que la Nature a fait naître le sentiment du besoin qu’il a de s’appuyer sur son semblable, et de respecter les liens du contrat qui l’unit aux autres. Faire intervenir le Ciel dans le grand ouvrage de la civilisation, c’est tromper les hommes, et quand on