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à sa véritable place, et s’il n’eût pas méconnu cette vérité, peut-être humiliante pour son orgueil, qu’il est rangé dans la classe des animaux aux besoins desquels la Nature pourvoit par des lois générales et invariables, et qu’il n’a sur eux d’autre avantage que le génie qui crée les arts qui subviennent ses besoins, et qui écartent ou réparent les maux qu’il peut craindre ou qu’il éprouve, il n’eût jamais cherché dans les êtres invisibles un appui qu’il ne devait trouver qu’en lui-même, que dans l’exercice de ses facultés intellectuelles et dans l’aide de ses semblables. C’est sa faiblesse et l’ignorance de ses véritables ressources qui l’ont livré à l’imposture qui lui a promis des secours dont il n’a eu pour garant que la plus honteuse crédulité. Aussi ce sont les femmes, les enfants, les vieillards et les malades, c’est-à-dire les êtres les plus faibles, qui sont les plus religieux, parce que chez eux la raison décroît en proportion de l’affaiblissement du corps. L’homme, dans le besoin, saisit avec avidité toutes les apparences d’espoir qu’on lui présente ; c’est le malade qui essaie de tous les remèdes que lui offre le charlatanisme ; c’est le malheureux matelot, qui, dans un naufrage, s’empare de la plus petite planche qui surnage, cherche l’appui de tout ce qui l’entoure, et s’accroche à la branche flexible et à la racine fragile qui borde le rivage. Des hommes adroits ont su profiter de ce sentiment, qui tient à notre faiblesse, pour se rendre puissants dans les sociétés. Ils ont rédigé, sous le nom de rites et de culte, le code d’imposture qui