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MONSIEUR JACQUES

QUATRIÈME PARTIE DES ÉTAPES D'UX VOLONTAIRE

PAR PAUL DUPLESSIS.

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Après dix minutes de marches nous atteignimes la maison habitée par le citoyen Durand.

Le jeune homme frappa, et la tante du président du dis- triel vint lui ouvrir.

Une demi-minute plus tard, j’entrai à mon tour.

Seulement, personne ne se présenta à mes yeux: je trou- vai la porte ouverte.

Après avoir Lraversé la première pièce du logis, qui était une salle à manger, je poussai, guidé par un bruit de voi une seconde porte que je vis en face de moi, et je pénétrai dans une vasle chambre à coucher où j'aperçus le citoyen Durand et sa lante, mademoiselle de L**# el le comte son cousin, J'étais en plein drame.

Le jeune homme, ses pistolets à la main, regardait d’un œil fixe la pauvre enfant dont le visage décoloré et déjà re- couvert des ombres de la mort ressortait encore par sa pà- leur extrême sur la blancheur des draps.

Au reste, conservant ce même sang-froid surhumain et implacable dont j'ai déjà parlé, le comte de L**, — pour Un indifférent où un étranger qui n'eût point conou l'intri- gue de ce drame intime, — eût certes passé pour un cœur

c el isasible : sur ‘$0s joues on ne voyait pas même la trace d'une larme,

Enfin, acculés contre le mur, dans un des angles de la

Ives,

chambre à coucher, le citoyen Durand et son aimable tante se seraient l'un contre l'autre, en proie à une frayeur sans nom, a

— Mon ami, me dit presque en souriant le comte de L***, vous voyez que je n’ai pas perdu de lemps pour me ren- dre maître de la place. Je tiens le meurtrier en ma puis- sance! Ma (oi, puisque vous avez bien voulu me suivre, il est de toute justice que vous partagiez mes lauriers. Veuil- lez, je vous prie, aller fermer avec soin la porte de la rue, afin qu'on ne puisse nous surprendre.

Je ne cacherai pas qu’en me trouvant ainsi subitement mêlé à ce drame, je commençai à regretter d’avoir accom- pagné le comte : toutefois, comme l'arrivée de la moindre visite suffisait pour délivrer le président du district, ce qui eûl aggravé de beaucoup encore ma position, je n’hésitai pas à obéir, el je m'empressai d'aller fermer la porte : pour surcroit de sûrelé, je poussai même devant les meubles que leur poids me permit de déplac

— Mon cher monsieur, me dit le comte lorsque je fus de relour auprès de lui, prenez ce pistolet et, au moindre mou- vement que fera ce misérable où sa complice pour s’échap- per, brûlez-leur à tous deux la cervelle. Moi, j'irai, pendant que vous les liendrez en respect, parcourir la imaisob; mon

à ve sera pas longue. second ordre, je ne ie dissimulerai pas non plus, ne 1gmenter les regrets que j'éprouvais déjà de me trou- mpliqué dans celte tragique affaire ; seulement, voyant