Page:Dunan - Les Pâmoisons de Margot, 1932.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 7 —

affirmation dont notre expérience nous dit qu’elle est douteuse.

Mais revenons à Margot, qui s’éveillait.

Vautrée dans son lit saccagé, elle s’étirait encore et tendait vers elle ne savait quoi ses bras polis et moites.

Ce faisant, elle disait :

— Zut, quelle cosse !

Elle se mit à rire en même temps, car le souvenir de sa nuit lui revenait. Souvenirs pénibles et tendres.

Pénibles certes, car il n’est rien de si douloureux que de vouloir être deux et de se sentir seule.

Elle avait étreint, durant cette nuit agitée, tout ce qui se présentait : matelas, oreiller, traversin, et même la chimère de l’air…

Et ç’avait été autant de déceptions douloureuses.

Je ne sais pas si vous connaissez ces déplaisirs. Oui ! évidemment, elles doivent vous être épargnées. Vous avez, femmes, des amants flambants et passionnés sous — si j’ose dire — la main, pour toutes les minutes où le désir passe en vous…

Et vous, messieurs, que vous préfériez les brunes ou les blondes, vous disposez de la petite aimée toujours prête à divertir vos élans…

Alors vous allez mépriser cette pauvre Margot, qui, depuis un grand mois, était hors de l’atteinte de l’homme. Vous allez penser et dire hypocritement, qu’elle n’était pas si malheureuse que ça. Je voudrais bien vous y voir. Vous pousseriez des cris qu’on entendrait jusqu’aux îles Sous-le-Vent…

Margot ne gémissait d’ailleurs pas. Elle avait du stoï-