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Et voilà pourquoi elle n’avait par dormi cette nuit-là.

Toutes les heures des rêves lubriques l’avaient bouleversée et fait haleter comme un coureur de Marathon. Elle s’imaginait mille choses irracontables et bouleversantes, qui lui faisaient faire des sauts de carpe sur son matelas.

Total : elle ne pouvait trouver ce bon sommeil reposant qui est au lit une si ravissante joie.

Et Margot s’éveillait maintenant la bouche pâteuse, l’échine moite, la tête lourde, les reins brisés, enfin aussi lasse que si elle avait passé une nuit amoureuse avec un amant très énergique et puissant.

Et ce n’était pas drôle, car elle avait comme métier, ce que je ne vous avais pas dit, de secrétariser chez un industriel spécialisé dans la fabrication des oranges de faïence pour la décoration des salles à manger…

Elle s’étira en poussant des gémissements.

— Oh ! quelle cosse, Seigneur !

Et elle aurait voulu prendre un repos que défendait la pendule car il était huit heures, et à neuf heures il fallait être au bureau.


II

Réflexions

Inutile de vous dire, mon très cher lecteur, et vous, ma lectrice adorable et trop lointaine, que la nuit de Margot n’avait pas eu comme résultat de faire régner l’ordre dans son lit.

Oui ! Il était dévasté comme si ç’avait été la veille le pillage de quelque Tamerlan. L’oreiller était parti au