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— Non, pas sur votre machine. Elle n’aligne pas bien. Sur celle qui est dans le bureau du patron.

— Ça, je m’en fiche ! Allons chez lui !

Ils pénétrèrent tous deux dans la pièce où s’était passé le demi-drame précédent, et elle s’assit devant sa Noiseless.

Le représentant tira de sa serviette des pièces et allait commencer à dicter, lorsqu’il se pencha sur la secrétaire, et dit :

— Comme vous êtes délicieusement parfumée, mademoiselle.

— Moi, fit-elle en feignant l’étonnement.

— Oui ! vous. Pas la reine Pomaré, je pense.

— Bah ! je sens comme tout le monde.

— Le représentant, très allumé, renifla à petits coups rapides.

— C’est vraiment épatant, ce parfum-là. Comment le nommez-vous donc ?

— C’est l’Amour dans la Pagode.

— Eh bien, j’en suis ébaubi. Tenez, j’en perdrais presque la tête, si…

Et, d’un geste rapide, il enlaça Margot, puis se mit à l’embrasser avec une ardeur belliqueuse.

Ses baisers allaient au début sur la nuque et sur l’oreille droite, puis ils tournèrent, touchèrent le menton. Enfin, oh ! horreur ! Margot sentit sa bouche goulûment prise, et même elle rendit le baiser si ardemment offert.

Et, ma foi ! Margot qui, le matin à son lever, s’était promise de se livrer à l’amour, allait enfin voir son désir et son espoir satisfaits, quand la porte une fois de plus s’ouvrit… Et le patron entra…