Page:Dunan - Les Pâmoisons de Margot, 1932.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 14 —

— Voulez-vous me laisser, petit libertin ?

Lui ne disait rien, trop occupé à recenser les grâces de cette jeune fille qui lui promettait, par sa défense médiocre et déjà abandonnée, des délices importantes, variées et aiguës.

Hélas ! le malheur vint.

Le malheur, représenté par Mme Concierge elle-même, qui entra le balai au poing, comme une épée de chevalier.

Et elle surgit juste comme sa progéniture posait sur une chair tiède et propre à mille emplois galants, une main pleine de fièvre et d’ardeur.

Et Mme Concierge cria :

— Hé !…

C’était, chez elle, le signe de l’indignation.

Margot comprit que les choses se gâtaient et que sa première expérience, quoique insuffisante, devait être tenue pour terminée, d’ailleurs assez mal.

Elle se releva et se précipita vers la porte, d’un pas rapide qui ressemblait plutôt à un départ de course.

Et elle sortit de la loge enveloppée de malédictions dont nous épargnerons, à nos chastes lecteurs le détail, encore que l’argot le plus moderne s’y mélangeait à des formules antiques, mais qui en perdaient pour si peu rien de leur puissance évocatrice.

Et Margot pestait en fuyant :

— Quelle vieille taupe ! disait-elle.

Et, en sa pensée, se formulait ce regret :

— Si j’avais aidé le petit, au lieu de me débattre et de le laisser se débrouiller tout seul, on aurait peut-être eu le temps de réaliser… quelque chose.

Or, Margot n’était pas contente.