Page:Dunan - Les Pâmoisons de Margot, 1932.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 11 —

Seulement, il faut vivre avec ces vices-là, comme on vit avec un nez en trompette ou six doigts de pied.

Et il ne suffisait pas que Margot put trouver l’homme qui pourrait la séduire, il fallait encore qu’il fût blond. Encore une nuance de blond était-elle nécessaire

Elle détestait le blond qui tourne au roux. Car le roux était son abomination.

Ah ! ce n’est pas tout que d’être de tempérament amoureux. Le pire c’est de posséder des exclusives et de ne pouvoir trouver le plaisir que dans des conditions qui sont parfois assez délicates à réaliser.

Cependant, malgré les difficultés revues, Margot qui se regardait toujours et sentait son enthousiasme augmenter devant les grâces de son corps, reprit plus affirmativement que jamais :

— Ce soir, sûrement, je ne couche pas seule. C’est vraiment trop bête.

Et elle esquissa un pas de danse pour se confirmer dans son intention.

Puis une idée lui vint :

— Et en attendant ce soir, je veux que cette journée soit amoureuse à chaque heure.

C’était beaucoup désirer. Mais Margot s’attestait têtue, et elle reprit, comme pour trouver une excuse à cette ambition excessive.

— Parfaitement, il faut que je sois aimée tout le jour.

C’était une sorte de provocation à obéir aux attentes de son patron, et du secrétaire dudit patron. Elle s’était toujours refusée à eux. Ils étaient blonds pourtant et donc rentraient dans la classe des hommes supportables.