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— Et, dès aujourd’hui, cela cessera.

Ceci dit, elle sentit qu’elle s’était bien avancée, et, pour se donner confiance, se leva. Elle alla se regarder devant la glace afin de voir si son corps pouvait provoquer à l’amour.

Elle était d’ailleurs belle, incontestablement belle.

Or, quand on est belle, c’est la sagesse des nations qui le dit, et elle ne doit pas se tromper, on est une fascination pour les mâles.

Et lesdits mâles vous courent donc après, dans le désir avoué de vous faire participer à des pâmoisons d’ordre galant.

Par suite, Margot, qui raisonnait à ravir, pouvait certifier que belle et tentante elle n’aurait qu’un pas à faire pour trouver l’âme et le corps frères.

Et cela la consola.

Elle se passa une paume précautionneuse sur le torse, et soupesa sa poitrine allègre et provocante.

— Hein ! fit-elle enthousiasmée, si avec ça on ne pouvait pas trouver un amant.

Il est vrai qu’elle le désirait fait sur commande, cet amant.

Que voulez-vous, elle aimait les blonds. On peut évidemment aimer les bruns. Il en est de charmants et qui possèdent à un haut degré les vertus — qui sont aussi un peu le contraire — propres à réjouir et faire pâmer les femmes amoureuses.

Mais qu’y faire ? Margot ne sentait rien, absolument rien devant un homme brun. Elle le regrettait. Ce ne sont pas des choses plaisantes que ces sentiments. Ce sont même, sous un certain angle, des vices.