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cisme. Mais elle sentait que le malheur est grand au monde et elle en souffrait.

Oh ! ce n’était pas que dans des moments choisis, l’illusion ne fût venue la soulager, et une tendresse lui en restait au cœur.

Les Hindous disent que le monde n’existe pas. Ce serait, selon leur formule : « Le rêve d’un rêve ». Eh bien, pourquoi Margot, rêvant qu’elle avait près d’elle un amant plein d’allant, n’aurait-elle pas, à certaines minutes, cru que c’était la vérité même ?

Il y a des instants où l’on peut croire que telle ou telle chose irréelle se produit en vérité. C’est même un des soulagements de l’existence.

Et Margot avait cinq ou six fois cru sincèrement qu’un incube, comme disaient jadis les magiciens, la venait aider à se divertir.

Mais la fatigue en résultait, puis le découragement, puis le regret…

Et elle se disait que le monde est bien mal fait, puisqu’on peut être bondée d’amour, et en désir de l’épancher, sans avoir la possibilité de le faire autrement que par erreur, ce qui est déplorable…


III

Décisions

Margot sentait tout cela et d’autres choses, comme une nouvelle irritation prochaine, qui allait de nouveau rester insatisfaite.