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une conjuration dans le genre de celle sous laquelle, deux ans auparavant, c’est-à-dire en 1476, avait succombé Galéas Sforza dans le Dôme de Milan.

Une fois décidé à tout trancher par le fer, François Pazzi et Jérôme Riario se mirent à l’affût des complices qu’ils pourraient recruter. Un des premiers fut François Salviati, archevêque de Pise, auquel, par inimitié pour sa famille, les Médicis n’avaient pas voulu laisser prendre possession de son archevêché. Vint ensuite Charles de Montone, fils du fameux condottiere Braccio, qui était sur le point de s’emparer de Sienne, lorsque les Médicis l’en empêchèrent ; Jean-Baptiste de Montesecco, chef des sbires au service du pape ; le vieux Jacob de Pazzi, le même qui avait été autrefois gonfalonnier ; deux autres Salviati, l’un cousin, et l’autre frère de l’archevêque ; Napoléon Francesi et Bernard Bandini, amis et compagnons de plaisir des jeunes Paul ; enfin Étienne Bagnoni, prêtre et maître de langue latine, professeur d’une fille naturelle de Jacob Pazzi ; et enfin Antoine Maffei, prêtre de Volterra et scribe apostolique. Un seul Pazzi, René, neveu de Jacob et fils de Pierre, refusa obstinément d’entrer dans le complot, et se retira à la campagne afin qu’on ne pût pas même l’accuser de complicité.

Tout était donc arrêté, et la seule difficulté qui s’opposât à la réussite de la conjuration était de réunir, isolés de leurs amis, et dans un endroit public, Laurent et Julien. Le pape espéra faire naître cette occasion, en nommant cardinal Raphaël Riario, neveu du comte Jérôme, lequel était âgé de 18 ans à peine et étudiait à Pise.

En effet, une pareille nomination devait être l’occasion de fêtes extraordinaires, attendu qu’ennemis au fond du cœur de Sixte IV, les Médicis gardaient ostensiblement envers lui toutes les apparences d’une bonne et respectueuse amitié. Jacob des Pazzi invita donc le nouveau cardinal à venir dîner chez lui à Florence, et il porta sur la liste de ses convives Laurent et Julien. L’assassinat devait avoir lieu à la fin du dîner, et sur un signe de Jacob ; mais Laurent vint seul. Julien, retenu par une intrigue d’amour, chargea son frère de l’excuser : il fallut donc remettre à un autre jour l’exécution du complot. Ce jour, on le crut bientôt arrivé ; car Laurent,