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« Ce cavalier si discret, ma sœur, je vous recommande de découvrir son nom et sa profession ; il m’est suspect, tout en m’intéressant. À toutes mes offres de service, il s’est contenté de répondre que le maître qu’il sert ne le laisse manquer de rien.

« Je ne puis vous en dire davantage sur son compte, car je vous dis tout ce que j’en sais ; il prétend ne pas me connaître. Observez ceci.

« Je souffre beaucoup, mais sans danger de la vie, je crois. Envoyez-moi vite mon chirurgien ; je suis, comme un cheval, sur la paille. Le porteur vous dira l’endroit.

« Votre affectionné frère,

« Mayenne. »

Cette lettre achevée, la duchesse et Mayneville se regardèrent, aussi étonnés l’un que l’autre.

La duchesse rompit la première ce silence, qui eût fini par être interprété d’Ernauton.

— À qui, demanda la duchesse, devons-nous le signalé service que vous nous avez rendu, Monsieur ?

— À un homme qui, chaque fois qu’il le peut, Madame, vient au secours du plus faible contre le plus fort.

— Voulez-vous me donner quelques détails, Monsieur ? insista madame de Montpensier.

Ernauton raconta tout ce qu’il savait, et indiqua la retraite du duc. Madame de Montpensier et Mayneville l’écoutèrent avec un intérêt facile à comprendre.

Puis, lorsqu’il eut fini :

— Dois-je espérer, Monsieur, demanda la duchesse, que vous continuerez la besogne si bien commencée et que vous vous attacherez à notre maison ?

Ces mots, prononcés de ce ton gracieux que la duchesse savait si bien prendre dans l’occasion, renfermaient un sens bien flatteur après l’aveu qu’Ernauton avait fait à la dame