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X

LA LETTRE DE M. DE MAYENNE.


La duchesse s’empara de la lettre, l’ouvrit et lut avidement, sans même chercher à dissimuler les impressions qui se succédaient sur sa physionomie, comme des nuages sur le fond d’un ciel d’ouragan.

Lorsqu’elle eut fini, elle tendit à Mayneville, aussi inquiet qu’elle-même, la lettre apportée par Ernauton ; cette lettre était ainsi conçue :

« Ma sœur, j’ai voulu moi-même faire les affaires d’un capitaine ou d’un maître d’armes ; j’ai été puni.

« J’ai reçu un bon coup d’épée du drôle que vous savez, et avec lequel je suis depuis longtemps en compte. Le pis de tout cela est qu’il m’a tué cinq hommes, desquels Boularon et Desnoises, c’est-à-dire deux de mes meilleurs ; après quoi il s’est enfui.

« Il faut dire qu’il a été fort aidé dans cette victoire par le porteur de la présente, jeune homme charmant, comme vous pouvez voir ; je vous le recommande, c’est la discrétion même.

« Un mérite qu’il aura auprès de vous, je présume, ma très-chère sœur, c’est d’avoir empêché que mon vainqueur ne me coupât la tête, lequel vainqueur en avait grande envie, m’ayant arraché mon masque pendant que j’étais évanoui et m’ayant reconnu.