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Ernauton s’attendait à cette réception, elle ne le troubla donc point.

— Je suis désespéré de cette absence, dit-il, j’avais une communication de la plus haute importance à faire à Son Altesse de la part de M. le duc de Mayenne.

— De la part de M. le duc de Mayenne ? fit le portier ; et qui donc vous a chargé de cette communication ?

— M. le duc de Mayenne lui-même.

— Chargé ! lui, le duc ! s’écria le portier avec un étonnement admirablement joué ; et où cela vous a-t-il chargé de cette communication ? M. le duc n’est pas plus à Paris que madame la duchesse.

— Je le sais bien, répondit Ernauton ; mais moi aussi, je pouvais n’être pas à Paris ; moi aussi, je puis avoir rencontré M. le duc ailleurs qu’à Paris, sur la route de Blois, par exemple.

— Sur la route de Blois ? reprit le portier un peu plus attentif.

— Oui ; sur cette route, il peut m’avoir rencontré et m’avoir chargé d’un message pour madame de Montpensier.

Une légère inquiétude apparut sur le visage de l’interlocuteur, lequel, comme s’il eût craint qu’on ne forçât sa consigne, tenait toujours la porte entre-bâillée.

— Alors, demanda-t-il, ce message ?…

— Je l’ai.

— Sur vous ?

— Là, dit Ernauton en frappant sur son pourpoint.

Le fidèle serviteur attacha sur Ernauton un regard investigateur.

— Vous dites que vous avez ce message sur vous ? demanda-t-il.

— Oui, Monsieur.

— Et que ce message est important ?

— De la plus haute importance.

— Voulez-vous me le faire apercevoir seulement ?