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Ce coup d’œil donné, le roi se remit activement à ses découpures.

Mais, cent pas plus loin, un observateur attentif lui eût vu jeter un coup d’œil plus curieux que le premier sur une maison de belle apparence qui bordait la route à gauche, et qui, bâtie au milieu d’un charmant jardin, ouvrait sa grille de fer aux lances dorées sur la grande route.

Cette maison de campagne se nommait Bel-Esbat.

Tout au contraire du couvent des Jacobins, Bel-Esbat avait toutes ses fenêtres ouvertes, à l’exception d’une seule, devant laquelle retombait une jalousie.

Au moment où le roi passa, cette jalousie éprouva un imperceptible frémissement.

Le roi échangea un coup d’œil et un sourire avec d’Épernon, puis se remit à attaquer un autre péché capital.

Celui-là, c’était le péché de la luxure.

L’artiste l’avait représenté avec de si effrayantes couleurs, il avait stigmatisé le péché avec tant de courage et de ténacité, que nous n’en pourrons citer qu’un trait, encore ce trait est-il tout épisodique.

L’ange gardien de Madeleine s’envolait tout effrayé au ciel, en cachant ses yeux de ses deux mains.

Cette image, pleine de minutieux détails, absorbait tellement l’attention du roi, qu’il continuait d’aller sans remarquer certaine vanité qui se prélassait à la portière gauche de son carrosse. C’était grand dommage, car Sainte-Maline était bien heureux et bien fier sur son cheval.

Lui, si près du roi, lui, cadet de Gascogne, à portée d’entendre Sa Majesté le roi très-chrétien, lorsqu’il disait à son chien :

— Tout beau, master Love, vous m’obsédez.

Ou à M. le duc d’Épernon, colonel général de l’infanterie du royaume :

— Duc, voilà, ce me semble, des chevaux qui vont me rompre le cou.