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— Non, sire, je n’ai rien promis de pareil.

— Je vous imposerai donc une seule condition, Monsieur.

— Sire, je suis l’esclave de Votre Majesté.

— Vous rendrez cette lettre à madame de Montpensier, et, aussitôt cette lettre rendue, vous viendrez me rejoindre à Vincennes, où je serai ce soir.

— Oui, sire.

— Et où vous me rendrez un compte fidèle où vous aurez trouvé la duchesse.

— Sire, Votre Majesté peut y compter.

— Sans autre explication ni confidence, entendez-vous ?

— Sire, je le promets.

— Quelle imprudence ! fit le duc d’Épernon. Oh ! sire !

— Vous ne vous connaissez pas en hommes, duc, ou du moins en certains hommes. Celui-ci est loyal envers Mayenne, donc il sera loyal envers moi.

— Envers vous, sire ! s’écria Ernauton, je serai plus que loyal, je serai dévoué.

— Maintenant, d’Épernon, dit le roi, pas de querelles ici, et vous allez à l’instant même pardonner à ce brave serviteur ce que vous regardiez comme un manque de dévouement, et ce que je regarde, moi, comme une preuve de loyauté.

— Sire, dit Carmainges, M. le duc d’Épernon est un homme trop supérieur pour ne pas avoir vu au milieu de ma désobéissance à ses ordres, désobéissance dont je lui exprime tous mes regrets, combien je le respecte et l’aime ; seulement j’ai fait, avant toute chose, ce que je regardais comme mon devoir.

— Parfandious ! dit le duc, en changeant de physionomie avec la même mobilité qu’un homme eût ôté ou mis un masque, voilà une épreuve qui vous fait honneur, mon cher Carmainges, et vous êtes en vérité un joli garçon ; n’est-ce pas, Loignac ? Mais, en attendant, nous lui avons fait une belle peur.