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— Le roi ! dit-il.

En effet, le roi, sortant du Louvre, venait de descendre son escalier, et, arrêté un instant sur la dernière marche, il avait entendu la fin de la discussion, et son bras royal avait arrêté le bras de Carmainges.

— Qu’y a-t-il donc. Messieurs ? demanda-t-il de cette voix à laquelle il savait donner, lorsqu’il le voulait, une puissance souveraine.

— Il y a, sire, s’écria d’Épernon sans se donner la peine de cacher sa colère, il y a que cet homme, un de vos quarante-cinq, du reste, va cesser d’en faire partie ; il y a, dis-je, qu’envoyé par moi en votre nom pour surveiller M. de Mayenne pendant son séjour à Paris, il l’a suivi jusqu’au delà d’Orléans, et là il a reçu de lui une lettre adressée à madame de Montpensier.

— Vous avez reçu de M. de Mayenne une lettre pour madame de Montpensier ? demanda le roi.

— Oui, sire, répondit Ernauton ; mais M. le duc d’Épernon ne vous dit point dans quelles circonstances.

— Eh bien ! cette lettre, demanda le roi, où est-elle ?

— Voilà justement la cause du conflit, sire ; M. de Carmainges refuse absolument de me la donner, et veut la porter à son adresse, refus qui est d’un mauvais serviteur, à ce que je pense.

Le roi regarda Carmainges.

Le jeune homme mit un genou en terre.

— Sire, dit-il, je suis un pauvre gentilhomme, homme d’honneur, voilà tout. J’ai sauvé la vie à votre messager, qu’allaient assassiner M. de Mayenne et cinq de ses acolytes, car, en arrivant à temps, j’ai fait tourner la chance du combat en sa faveur.

— Et pendant ce combat, il n’est rien arrivé à M. de Mayenne ? demanda le roi.

— Si fait, sire, il a été blessé, et même grièvement.

— Bon ! dit le roi ; après ?