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de proportions remarquable, devaient ce jour-là même être attelés en première main au carrosse du roi.

M. de Loignac, tandis qu’Ernauton demeurait à l’entrée de la cour, s’approcha de M. d’Épernon et le toucha au bas de son manteau.

— Nouvelles, monsieur le duc, dit-il, grandes nouvelles !

Le duc quitta le groupe dans lequel il se trouvait, et se rapprocha de l’escalier par lequel le roi devait descendre.

— Dites, monsieur de Loignac, dites.

— M. de Carmainges arrive de par delà Orléans : M. de Mayenne est dans un village, blessé dangereusement.

Le duc poussa une exclamation.

— Blessé ! répéta-t-il.

— Et de plus, continua Loignac, il a écrit à madame de Montpensier une lettre que M. de Carmainges a dans sa poche.

— Oh ! oh ! fit d’Épernon. Parfandious ! faites venir M. de Carmainges, que je lui parle à lui-même.

Loignac alla prendre par la main Ernauton, qui, ainsi que nous l’avons dit, s’était tenu à l’écart, par respect, pendant le colloque de ses chefs.

— Monsieur le duc, dit-il, voici notre voyageur.

— Bien, Monsieur. Vous avez, à ce qu’il paraît, une lettre de M. le duc de Mayenne ? fit d’Épernon.

— Oui, Monseigneur.

— Écrite d’un petit village près d’Orléans ?

— Oui, Monseigneur.

— Et adressée à madame de Montpensier ?

— Oui, Monseigneur,

— Veuillez me remettre cette lettre, s’il vous plaît.

Et le duc étendit la main avec la tranquille négligence d’un homme qui croit n’avoir qu’à exprimer ses volontés, quelles qu’elles soient, pour que ses volontés soient exécutées.

— Pardon, Monseigneur, dit Carmainges, mais ne m’avez-