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— Je ne demande pas d’explication, Monsieur ; vous êtes des gardes de madame la duchesse de Montpensier, cela me suffit.

— Je reprends donc : j’avais mission de faire un voyage à Amboise, quand, en chemin, j’ai rencontré mon ennemi. Vous savez le reste.

— Oui, dit Ernauton.

— Arrêté par cette blessure avant d’avoir accompli ma mission, je dois compte à madame la duchesse des causes de mon retard.

— C’est juste.

— Vous voudrez donc bien lui remettre en mains propres la lettre que je vais avoir l’honneur de lui écrire.

— S’il y a toutefois de l’encre et du papier ici, répliqua Ernauton, se levant pour se mettre en quête de ces objets.

— Inutile, dit Mayenne ; mon soldat doit avoir sur lui mes tablettes.

Effectivement le soldat tira de sa poche des tablettes fermées. Mayenne se retourna du côté du mur pour faire jouer un ressort, les tablettes s’ouvrirent ; il écrivit quelques lignes au crayon, et referma les tablettes avec le même mystère.

Une fois fermées, il était impossible, si l’on ignorait le secret, de les ouvrir, à moins de les briser.

— Monsieur, dit le jeune homme, dans trois jours ces tablettes seront remises.

— En mains propres ?

— À madame la duchesse de Montpensier elle-même.

Le duc serra les mains de son bienveillant compagnon, et, fatigué à la fois de la conversation qu’il venait de faire et de la lettre qu’il venait d’écrire, il retomba, la sueur au front, sur la paille fraîche.

— Monsieur, dit le soldat dans un langage qui parut à Ernauton assez peu en harmonie avec le costume, Monsieur, vous m’avez lié comme un veau, c’est vrai ; mais, que vous