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— C’est vrai, dit-il ; mais les hommes qui étaient avec moi ?

— Sont morts, à l’exception d’un seul.

— Les a-t-on laissés sur le chemin ? demanda Mayenne.

— Oui.

— Les a-t-on fouillés ?

— Le paysan que vous avez dû voir en rouvrant les yeux, et qui est votre hôte, s’est acquitté de ce soin.

— Qu’a-t-il trouvé sur eux ?

— Quelque argent.

— Et des papiers ?

— Je ne sache point.

— Ah ! fit Mayenne avec une satisfaction évidente.

— Au reste, vous pourriez prendre des informations près de celui qui vit.

— Mais celui qui vit, où est-il ?

— Dans la grange, à deux pas d’ici.

— Transportez-moi près de lui, ou plutôt transportez-le près de moi, et si vous êtes homme d’honneur, comme je le crois, jurez-moi de ne lui faire aucune question.

— Je ne suis point curieux, Monsieur, et de cette affaire je sais tout ce qu’il m’importe de savoir.

Le duc regarda Ernauton avec un reste d’inquiétude.

— Monsieur, dit celui-ci, je serais heureux que vous chargeassiez tout autre de la commission que vous voulez bien me donner.

— J’ai tort, Monsieur, et je le reconnais, dit Mayenne ; ayez cette extrême obligeance de me rendre le service que je vous demande.

Cinq minutes après, le soldat entrait dans l’étable.

Il poussa un cri en apercevant le duc de Mayenne ; mais celui-ci eut la force de mettre un doigt sur ses lèvres. Le soldat se tut aussitôt.

— Monsieur, dit Mayenne à Ernauton, ma reconnaissance sera éternelle, et sans doute un jour nous nous retrouve-