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— Et Cateau-Cambrésis que vous oubliez, Monseigneur ; il est vrai que vous êtes le seul.

— Comparez donc cette escarmouche à Jarnac et à Moncontour, Joyeuse, et faites le compte de ce que je redois à mon bien-aimé frère Henri. Non, non, ajouta-t-il, je ne suis pas un roitelet de Navarre ; je suis un prince français, moi.

Puis se retournant vers les seigneurs qui, aux paroles de Joyeuse, s’étaient éloignés :

— Messieurs, ajouta-t-il, l’assaut tient toujours ; la pluie a cessé, les terrains sont bons, nous attaquerons cette nuit.

Joyeuse s’inclina.

— Monseigneur voudra bien détailler ses ordres, dit-il, nous les attendons.

— Vous avez huit vaisseaux, sans compter la galère amirale, n’est-ce pas, monsieur de Joyeuse ?

— Oui, Monseigneur.

— Vous forcerez la ligne, et ce sera chose facile, les Anversois n’ayant dans le port que des vaisseaux marchands ; alors vous viendrez vous embosser en face du quai. Là, si le quai est défendu, vous foudroierez la ville en tentant un débarquement avec vos quinze cents hommes. Du reste de l’armée je ferai deux colonnes, l’une commandée par M. le comte de Saint-Aignan, l’autre commandée par moi-même. Toutes deux tenteront l’escalade par surprise, au moment où les premiers coups de canon partiront. La cavalerie demeurera en réserve, en cas d’échec, pour protéger la retraite de la colonne repoussée. De ces trois attaques, l’une réussira certainement. Le premier corps établi sur le rempart tirera une fusée pour rallier à lui les autres corps.

— Mais il faut tout prévoir, Monseigneur, dit Joyeuse. Supposons ce que vous ne croyez pas supposable, c’est-à-dire que les trois colonnes d’attaque soient repoussées toutes trois.

— Alors nous gagnons les vaisseaux sous la protection