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XXXII

PRÉPARATIFS DE BATAILLE.


Le camp du nouveau duc de Brabant était assis sur les deux rives de l’Escaut ; l’armée, bien disciplinée, était cependant agitée d’un esprit d’agitation facile à comprendre.

En effet, beaucoup de calvinistes assistaient le duc d’Anjou, non point par sympathie pour le susdit duc, mais pour être aussi désagréables que possible à l’Espagne et aux catholiques de France et d’Angleterre ; ils se battaient donc plutôt par amour-propre que par conviction ou par dévouement, et l’on sentait bien que, la campagne une fois finie, ils abandonneraient le chef ou lui imposeraient des conditions.

D’ailleurs, ces conditions, le duc d’Anjou laissait toujours croire qu’à l’heure venue il irait au-devant d’elles. Son mot favori était : « Henri de Navarre s’est bien fait catholique, pourquoi François de France ne se ferait-il pas huguenot ? »

De l’autre côté, au contraire, c’est-à-dire chez l’ennemi, existaient, en opposition avec ces dissidences morales et politiques, des principes distincts, une cause parfaitement arrêtée, le tout parfaitement pur d’ambition et de colère.

Anvers avait d’abord eu l’intention de se donner, mais à ses conditions et à son heure ; elle ne refusait pas précisément François, mais elle se réservait d’attendre, forte par son assiette, par le courage et l’expérience belliqueuse de ses habitants ; elle savait d’ailleurs qu’en étendant le bras, outre le duc de Guise, en observation dans la Lorraine, elle