Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/295

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXXI

CE QUE FAISAIT EN FLANDRE MONSEIGNEUR FRANÇOIS DE FRANCE, DUC D’ANJOU ET DE BRABANT, COMTE DE FLANDRE.


Maintenant, il faut que nos lecteurs nous permettent d’abandonner le roi au Louvre, Henri de Navarre à Cahors, Chicot sur la grande route, et la dame de Monsoreau dans la rue, pour aller trouver en Flandre monseigneur le duc d’Anjou, tout récemment nommé duc de Brabant, et au secours duquel nous avons vu s’avancer le grand amiral de France, Anne Daigues, duc de Joyeuse.

À quatre-vingts lieues de Paris, vers le nord, le bruit des voix françaises et le drapeau de France flottaient sur un camp français aux rives de l’Escaut.

C’était la nuit : des feux disposés en un cercle immense bordaient le fleuve si large devant Anvers, et se reflétaient dans ses eaux profondes. La solitude habituelle des polders à la sombre verdure était troublée par le hennissement des chevaux français.

Du haut des remparts de la ville, les sentinelles voyaient reluire, au feu des bivouacs, le mousquet des sentinelles françaises, éclair fugitif et lointain que la largeur du fleuve, jeté entre cette armée et la ville, rendait aussi inoffensif que ces éclairs de chaleur qui brillent à l’horizon par un beau soir d’été. Cette armée était celle du duc d’Anjou. Ce qu’elle était venue faire là, il faut bien que nous le racontions à nos lecteurs. Ce ne sera peut-être pas bien amusant,