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— Faites.

Remy prit une plume et écrivit sa donation au bas du contrat de vente.

— Maintenant, adieu, dit la dame de Monsoreau à Grandchamp, qui se sentait tout ému de rester seul en cette maison, adieu Grandchamp ; faites avancer les chevaux tandis que je termine les préparatifs.

Alors Diane remonta chez elle, coupa avec un poignard la toile du portrait, le roula, l’enveloppa dans une étoffe de soie et plaça le rouleau dans la caisse de voyage. Ce cadre, demeuré vide et béant, semblait raconter plus éloquemment qu’auparavant encore toutes les douleurs qu’il avait entendues. Le reste de la chambre, une fois ce portrait enlevé, n’avait plus de signification et devenait une chambre ordinaire.

Quand Remy eut lié les deux caisses avec des sangles, il donna un dernier coup d’œil dans la rue pour s’assurer que nul n’y était arrêté, excepté le guide ; puis aidant sa pâle maîtresse à monter à cheval :

— Je crois, Madame, lui dit-il tout bas, que cette maison sera la dernière où nous aurons demeuré si longtemps.

— L’avant-dernière, Remy, dit la dame de sa voix grave et monotone.

— Quelle sera donc l’autre ?

— Le tombeau, Remy.