Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reau se referma. Diane trouva Grandchamp à la porte ; éveillé par le bruit, il était venu ouvrir. Le vieillard ne fut pas peu surpris quand il connut le prochain départ de sa maîtresse, qui lui apprit ce départ sans lui dire où elle allait.

— Grandchamp, mon ami, lui dit-elle, nous allons, Remy et moi, accomplir un pèlerinage voté depuis longtemps ; vous ne parlerez de ce voyage à personne, et vous ne révélerez mon nom à qui que ce soit.

— Oh ! je le jure, Madame, dit le vieux serviteur. Mais on vous reverra cependant ?

— Sans doute, Grandchamp, sans doute : ne se revoit-on pas toujours, quand ce n’est point en ce monde, dans l’autre au moins ? Mais, à propos, Grandchamp, cette maison nous devient inutile.

Diane tira d’une armoire une liasse de papiers.

— Voici les titres qui constatent la propriété : vous louerez ou vendrez cette maison. Si d’ici à un mois vous n’avez trouvé ni locataire, ni acquéreur, vous l’abandonnerez tout simplement et vous retournerez à Méridor.

— Et si je trouve acquéreur, Madame, combien la vendrai-je ?

— Ce que vous voudrez.

— Alors je rapporterai l’argent à Méridor ?

— Vous le garderez pour vous, mon vieux Grandchamp.

— Quoi ! Madame, une pareille somme ?

— Sans doute. Ne vous dois-je pas bien cela pour vos bons services, Grandchamp ? et puis, outre mes dettes envers vous, n’ai-je pas aussi à payer celles de mon père ?

— Mais, Madame, sans contrat, sans procuration, je ne puis rien faire.

— Il a raison, dit Remy.

— Trouvez un moyen, dit Diane.

— Rien de plus simple. Cette maison a été achetée en mon nom ; je la revends à Grandchamp, qui, de cette façon, pourra la revendre lui-même à qui il voudra.