— Alors, Remy, reprit la dame, vous êtes content, n’est-ce pas ?
Et quelque chose comme un pâle sourire effleura les lèvres de la dame, et leur donna ce reflet de vie, qu’un rayon de la lune donne aux objets engourdis.
— Plus que je ne fus jamais, Madame, répondit celui-ci ; punir les méchants, c’est jouir de la sainte prérogative de Dieu.
— Écoutez, Remy, écoutez !
Et la dame prêta l’oreille.
— Vous avez entendu quelque bruit ?
— Le piétinement des chevaux dans la rue, ce me semble ; Remy, nos chevaux sont arrivés.
— C’est probable, Madame, car il est à peu près l’heure à laquelle ils devaient venir ; mais, maintenant, je vais les renvoyer.
— Pourquoi cela ?
— Ne sont-ils plus inutiles ?
— Au lieu d’aller à Méridor, Remy, nous allons en Flandre ; gardez les chevaux.
— Ah ! je comprends.
Et les yeux du serviteur, à leur tour, laissèrent échapper un éclair de joie qui ne pouvait se comparer qu’au sourire de Diane.
— Mais Grandchamp, ajouta-t-il, qu’allons-nous en faire ?
— Grandchamp a besoin de se reposer, je vous l’ai dit. Il demeurera à Paris et vendra cette maison, dont nous n’avons plus besoin. Seulement vous rendrez la liberté à tous ces pauvres animaux innocents que nous avons fait souffrir par nécessité. Vous l’avez dit : Dieu pourvoira peut-être à leur salut.
— Mais tous ces fourneaux, ces cornues, ces alambics ?
— Puisqu’ils étaient ici quand nous avons acheté la maison, qu’importe que d’autres les y trouvent après nous ?
— Mais ces poudres, ces acides, ces essences ?