Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 2.djvu/287

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est donc à moi et non pas à vous la vengeance, continua Diane ; d’ailleurs, pour qui et par qui est-il mort ? Pour moi et par moi.

— Je dois vous obéir, Madame, répondit Remy, car j’étais aussi mort que lui. Qui m’a fait enlever du milieu des cadavres dont cette chambre était jonchée ? vous. Qui m’a guéri de mes blessures ? vous. Qui m’a caché ? vous, vous, c’est-à-dire la moitié de l’âme de celui pour lequel j’étais mort si joyeusement ; ordonnez donc, j’obéirai, pourvu que vous n’ordonniez pas que je vous quitte.

— Soit, Remy, suivez donc ma fortune ; vous avez raison, rien ne doit plus nous séparer.

Remy montra le portrait.

— Maintenant, Madame, dit-il avec énergie, il a été tué par trahison, c’est par trahison qu’il doit être vengé. Ah ! vous ne savez pas une chose, vous avez raison, la main de Dieu est avec nous ; vous ne savez pas que, cette nuit, j’ai trouvé le secret de l’aqua tofana, ce poison des Médicis, ce poison de René le Florentin.

— Ah ! dis-tu vrai ?

— Venez voir, Madame, venez voir.

— Mais Granchamp qui attend ; que dira-t-il de ne plus nous voir revenir, de ne plus nous entendre ? car c’est en bas, n’est-ce pas, que tu veux me conduire ?

— Le pauvre vieillard a fait à cheval soixante lieues, Madame ; il est brisé de fatigue et vient de s’endormir sur mon lit. Venez.

Diane suivit Remy.