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Puis revenant au vieillard :

— Qu’y a-t-il, mon bon Grandchamp ?

— Vous ne devinez pas ? répondit le serviteur.

— Hélas ! si, je devine ; mais, au nom du ciel, ne lui annoncez pas cette nouvelle tout d’un coup. Oh ! que va-t-elle dire, la pauvre dame !

— Remy, Remy, dit la voix, vous causez avec quelqu’un, ce me semble ?

— Oui, Madame, oui.

— Avec quelqu’un dont je reconnais la voix.

— En effet, Madame… Comment la ménager, Grandchamp ?… La voilà !

La dame, qui était descendue du premier au rez-de-chaussée, comme elle était descendue déjà du second au premier, apparut à l’extrémité du corridor.

— Qui est là ? demanda-t-elle ; on dirait que c’est Grandchamp.

— Oui, Madame, c’est moi, répondit humblement et tristement le vieillard en découvrant sa tête blanchie.

— Grandchamp, toi ! Oh ! mon Dieu ! mes pressentiments ne m’avaient point trompée, mon père est mort !

— En effet, Madame, répondit Grandchamp, oubliant toutes les recommandations de Remy, en effet, Méridor n’a plus de maître.

Pâle, glacée, mais immobile et ferme, la dame supporta le coup sans fléchir.

Remy, la voyant si résignée et si sombre, alla à elle et lui prit doucement la main.

— Comment est-il mort ? demanda la dame ; dites, mon ami ?

— Madame, monsieur le baron, qui ne quittait plus son fauteuil, a été frappé, il y a huit jours, d’une troisième attaque d’apoplexie. Il a pu une dernière fois balbutier votre nom, puis il a cessé de parler, et dans la nuit il est mort.

Diane fit au vieux serviteur un geste de remerciement ;