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— Allons, allons ! la paix, la paix ! crièrent toutes les voix : à la réconciliation de Carmainges et de Sainte-Maline !

Carmainges profita du choc des verres et du bruit de toutes les voix, et se penchant vers Sainte-Maline avec le sourire sur les lèvres pour qu’on ne pût soupçonner le sens des paroles qu’il lui adressait :

— Monsieur de Sainte-Maline, lui dit-il, voilà la seconde fois que vous m’insultez sans m’en faire réparation ; prenez garde : à la troisième offense, je vous tuerai comme un chien.

— Faites, Monsieur, si vous trouvez votre belle, répondit Sainte-Maline ; car, foi de gentilhomme, à votre place, j’en ferais autant que vous.

Et les deux ennemis mortels choquèrent leurs verres, comme eussent pu faire les deux meilleurs amis.


XXIX

CE QUI SE PASSAIT DANS LA MAISON MYSTÉRIEUSE.


Tandis que l’hôtellerie du Fier Chevalier, séjour apparent de la concorde la plus parfaite, laissait, portes closes, mais caves ouvertes, filtrer à travers les fentes de ses volets la lumière des bougies et la joie des convives, un mouvement inaccoutumé avait lieu dans cette maison mystérieuse que nos lecteurs n’ont jamais vue qu’extérieurement dans les pages de ce récit.